
"L'art brodé de l'émotion"
Anne-Sophie Deillon, artiste brodeuse
De la tradition à la Haute Couture : l’art brodé de l’émotion
Historiquement, le crochet de Lunéville a été inventé pour la broderie perlée et pailletée dans le cadre de la Haute Couture française. En effet, au XIXe siècle, il permettait d'enfiler les perles à l'avance et de procéder au point de chaînette avec rapidité et finesse et cela entièrement à la main. Puis, très vite, il devient un outil emblématique des ateliers de luxe, utilisé par les petites mains des maisons de couture parisiennes. Cet art de broder de l'émotion reste associé à la Haute Couture offrant la possibilité de créer des ornements délicats et des pièces uniques, impossible à réaliser à la machine.
Loin d'être un outil courant pour les loisirs, le crochet de Lunéville est un instrument de précision réservé à l’excellence artisanale.
La broderie d'Art haute couture
La broderie d'Art Haute Couture, que je pratique que je pratique dans la boutique Plumes de Soie, n’est pas seulement un savoir-faire technique pour moi, c’est une véritable expérience sensorielle, émotionnelle et esthétique.
Ce geste répétitif et concentré calme mon esprit, éloigne le stress et me permet de me recentrer. Selon mon humeur ou mon état d’âme, le fil, les perles et les paillettes deviennent le langage de mes émotions, guidant les motifs de mes réalisations.
De cette manière, manipuler les perles et les fils fins aiguise ma dextérité et ma minutie, comme si mes mains traduisaient mes sentiments.

La broderie Haute Couture sublime les instants précieux
La broderie Haute Couture dépasse le simple geste technique. Elle incarne un savoir-faire ancestral, où minutie et sensibilité se rencontrent pour transformer un tissu en œuvre unique.
Les créations Haute Couture ne se contentent pas de vêtir. Elles accompagnent les instants précieux comme les mariages, les réceptions, les défilés et toutes cérémonies en apportant éclat et singularité.
Le regard est capté par la finesse des motifs, la luminosité des matières et l’équilibre parfait entre détail et ensemble.
L’art brodé de Haute Couture : un langage émotionnel
Porter une pièce brodée à la main, c’est accueillir l’histoire d’un savoir-faire ancestral qui traverse les siècles et se réinvente au présent. Ces ornements incarnent la patience et l’attention aux détails, reflet d’une créativité contemporaine qui dialogue avec la tradition. Au-delà d’un vêtement ou d’un accessoire, c’est une expérience sensorielle : admirer la finesse du travail, sentir la texture délicate sous ses doigts, ressentir la poésie du geste.
L’art brodé entre mes mains : mon matériel de Haute Couture
La broderie d’art est avant tout un langage universel : celui du point de chaînette, geste fondateur qui trace la première écriture sur le tissu. Sur cette base délicate viennent se poser perles, paillettes et tubes, tels des éclats de lumière qui transforment le fil en bijou et le textile en œuvre précieuse.
Chaque création naît d’un dialogue intime entre mes mains et des instruments choisis avec exigence. Dans l’univers de la broderie d’art, chaque outil devient le prolongement du geste, chaque matière un éclat de poésie.
Mon espace : le métier à broder
Je pratique la broderie Haute Couture sur un métier posé sur des tréteaux, ce qui me permet de laisser mes deux mains libres : une main travaille dessus, l’autre dessous. Mon métier est composé de deux montants sur lesquels je fixe des bandes de toile que je couds au tissu à broder, et de deux lattes que j’encastre dans les montants pour maintenir parfaitement la tension du tissu.

Mon fil : les tirettes
Grâce aux tirettes, je dompte le tissu et guide mon geste, laissant mes doigts traduire mes états d’âme en arabesques et lumières. Les tirettes que j’utilise sont des bandes de sergé en coton de 2 à 3 cm de large, avec de fines rayures obliques en chevrons. Je m’en sers pour tendre le tissu sur mon métier, ce qui me permet de broder avec régularité et précision.
Mon geste : le crochet de Lunéville
Le crochet de Lunéville que j’utilise est constitué d’un manche et d’un mandrin avec vis et crochet (taille standard : 80). Quand je ne m’en sers pas, je le pique dans un bouchon de liège pour protéger sa pointe et éviter tout accident. Depuis 1850, cet outil me permet de réaliser des chaînettes sur tulle, et grâce à l’invention de Louis Ferry en 1865, je peux fixer perles et paillettes sur l’envers du tissu, ce qui rend mon travail beaucoup plus rapide et précis.
Les épingles et aiguilles : mes doigts au service du sentiment
J’utilise des épingles à tête de verre pour fixer mes tirettes sur le tissu.
Pour les aiguilles, j’ai plusieurs types selon le fil ou la matière :
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aiguilles à broder pour le fil classique ;
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aiguilles chenille pour broder rubans et chenille ;
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aiguilles à perles, très fines (numéros 10 à 12 selon la délicatesse des perles).
Le poinçon : le passage à la poésie du fil
Le poinçon n’est pas obligatoire, mais je le trouve très utile pour faire un trou dans le tissu et faciliter le passage des galons, fils, rubans ou laminettes. Il se compose de bois et de métal et se range toujours sur mon pâté.

Le pâté : le refuge de mes trésors
Pour le concept de mes Œuvres de broderie d’exception, le pâté est indispensable : il me permet de regrouper mes matières et petits outils, et de vérifier l’endroit du tissu sans tout renverser. Je le pose sur mes genoux ou à côté de moi avant de retourner le métier, afin de travailler avec fluidité.

Le mellor : ma précision
Outil indispensable de la brodeuse d'art, le mellor est un petit instrument en métal dont l'extrémité fine et lustrée permet de manipuler les fils et matériaux délicats sans les abimer.
La broderie traditionnelle à l’aiguille : les points intégrés à mes œuvres
Dans mon Atelier de broderie, je travaille à l’aiguille en mariant des points hérités de la tradition à mes créations contemporaines :
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le point de tige, souvent réalisé en fil métallique doré, trace des lignes souples et lumineuses ;
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le point de Boulogne, le point de feston, le point de Palestrina ou encore le point de plume apportent décor et finitions raffinées ;
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le point de nœud, le point d’araignée ou le point de poste offrent textures et volumes délicats pour enrichir les surfaces.
Ces techniques viennent dialoguer avec le crochet, donnant naissance à des pièces où se rencontrent aplats lumineux, reliefs subtils et ornements ciselés.

Reconnaissance
Haute Couture : mon art brodé
Peu de savoir-faire traversent les siècles tout en préservant leur âme. Le crochet de Lunéville, précieux héritage des maisons de Haute Couture, en fait partie. En tant qu’artisane, brodeuse d'Art, je célèbre l’authenticité et l’excellence de chaque pièce, entièrement réalisée à la main, dans le respect des traditions les plus rigoureuses. Entre mes mains, ce n’est pas seulement un bijou : c’est un fragment d’histoire, une émotion brodée dans chaque détail.

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